Cohésion – Expérience – Analyse - Les forces du serious escape game

Publié le 15 mars 2024

L’efficacité d’une formation se trouve dans sa capacité à proposer une réelle expérience ludique

Le serious escape game permet de travailler deux qualités humaines essentielles attendues au travail. D’une part, la résolution de problème, qui intègre les notions de créativité, d’analyse et de prise d’initiative. Et d’autre part, l’esprit d’équipe, élément indispensable au bon déroulement d’un projet. Que ce soit pour un module de formation, une campagne de recrutement ou un moment de team building, le serious escape game est un moyen efficace d’immerger vos apprenants, employés ou postulants dans une situation relative à l’entreprise !


Pourquoi faire appel au serious escape game ?

Avoir un objectif, trouver un sens à son travail, bien s’entendre avec ses collègues… Autant de points importants qui permettent aux employés de s’épanouir en entreprise. Bien qu’ils soient parfois négligés, ce sont pourtant ces facteurs humains qui prévalent lorsqu’une équipe agit sur le terrain. Ces attentes sont de véritables leviers d’engagement, et stimulent la motivation des employés et des apprenants. En tant qu’employeur ou formateur, il est donc essentiel de les prendre en compte.

Voici les principaux leviers d’engagement qui motivent un individu :

  • L’influence sociale : le désir d’être connecté aux autres, d’échanger, la cohésion ;
  • Le besoin de s’améliorer, de se dépasser ;
  • Trouver un sens : la volonté de faire partie d’un projet et d’être utile ;
  • La curiosité : l’envie de découvrir de nouvelles choses ;
  • La créativité et l’autonomie : exprimer ses choix et son opinion.

Il y a autant de sensibilités qu’il existe d’individus et chacun dispose d’une réceptivité particulière face à ces leviers, en fonction de son ressenti, de son expérience et de son environnement direct. Chacune de ces sources de motivation incite l’employé ou l’apprenant à passer à l’action et à s’investir.

Le serious escape game aide à actionner ces différents leviers d’engagement lors d’une formation, d’un entretien ou pour consolider les liens d’une équipe. Mais comment un simple jeu peut-il engendrer une telle implication ?

L’escape game, qu’est-ce que c’est ?

Le concept d’escape game nous vient tout droit du Japon. L’idée originale était de rendre réel un type de jeu vidéo basé sur la résolution d’énigmes pour s’échapper d’un lieu clos. Littéralement, « Escape » est traduit de l’anglais par « s’échapper » alors que « Game » se traduit par « jeu ». Que l’escape game soit joué en réel ou en numérique, le concept ludique reste le même. Un groupe de personnes participe à un défi thématique dans un temps limité (le plus souvent une heure maximum). Les joueurs sont enfermés dans un lieu et doivent résoudre des énigmes dans le but de progresser et s’échapper de l’espace confiné. Face à cela, ils devront coopérer et prendre des décisions en fonction de leur analyse du terrain ou des rencontres. Inventé en 2007, ce n’est qu’en 2013 que le premier escape game arrive en France, marquant le début d’une évolution fulgurante.

Voici les éléments constitutifs essentiels d’un bon escape game :

  • Avoir un enjeu et un objectif
  • Trouver un endroit confiné (virtuel ou physique)
  • Définir un nombre d’indices afin de résoudre une énigme ou un problème
  • Instaurer un temps limité pour mettre les participants à l’épreuve
  • Inviter plusieurs participants qui devront former une équipe soudée

Lorsque ces différents éléments sont appliqués, n’importe quelle thématique peut se transformer en un escape game efficace et dynamique. Il est alors essentiel de ne pas choisir au hasard le contexte, l’histoire proposée, le lieu et surtout le fil conducteur entre les énigmes pour guider un minimum les joueurs.

Ce jeu est donc intéressant pour les entreprises en quête de nouveaux outils dans l’objectif de mobiliser leurs employés. C’est ainsi que sont nés les serious escape game, qui se basent sur le même fonctionnement que les escape game classiques, tout en appuyant sur certains points relatifs au monde du travail. Les éléments composent un serious escape game se déploient à travers les 5 E :

« équipe, énigmes, évasion, express et éduquer ».

Ce format plus sérieux, qui ne déroge pas au côté ludique de l’escape game, met en lumière la diversité et la complémentarité des approches des partenaires d’un groupe face à une situation complexe.

Le levier d’engagement social : l’apprentissage par l’expérience collaborative

Équipe, clan, guilde, troupe, communauté, tribu, autant de noms que l’on peut donner à un groupe de personnes fédéré par un objectif commun. L’esprit d’équipe est un puissant moteur de d’implication, qui repose en partie sur l’influence sociale. Il est donc courant que bon nombre de joueurs en ligne se connectent, non pas tant pour jouer, mais par plaisir d’interagir avec leurs amis avec qui ils partagent des intérêts communs.

La mise en situation immersive qu’offre un serious escape game, est propice à la gestion du stress (face au temps imparti) et à la stimulation de l’intelligence collective. En effet, la co-réflexion à travers la répartition des rôles et des tâches sont des éléments indispensables pour résoudre les énigmes. La partie jouée met en exergue les qualités de chacun au sein du fonctionnement collectif dans une situation en tension. Dès lors, l’utilisation d’un serious escape game dans le cadre d’un apprentissage fait appel au socioconstructivisme. Sous ce terme un peu lourd, se trouve une théorie simple ; les interactions sociales ont un rôle prépondérant dans la création de connaissances.

Face au constructivisme (enseignement classique actif mais individuel), le socioconstructivisme considère l’apprentissage comme un processus actif tout en mettant l’accent sur l’importance des expériences individuelles face aux interactions sociales. Le pédagogue, psychologue et anthropologue Lev Vygotsky, initiateur du socioconstructivisme, souligne que l’apprentissage dépend avant tout du processus de collaboration au sein d’un environnement social, spécifique à un contexte. L’acquisition des connaissances et des modes de pensée et d’analyse se fondent alors sur la découverte individuelle, la communication et la négociation avec ses pairs autour d’un intérêt commun. Cette conception de l’apprentissage casse les codes de l’enseignement passif et donne un rôle de facilitateur au formateur et l’apprenant est invité à s’impliquer de façon active dans sa formation.

Le serious escape game offre alors un terrain favorable à un apprentissage socioconstructiviste et devient un espace propice à l’analyse des forces et des faiblesses de l’équipe face à un contexte social professionnel. Il permet également de réaliser un jeu de rôles capable de faire vivre les différents corps de métiers au sein d’une exploitation à travers le point de vue de ses collègues. Cet échange humain favorise la compréhension mutuelle et l’empathie, instaurant une meilleure vision du système, des chaînes de production et du travail d’équipe.

Comme le disait Andrew Carnegie, industriel et philanthrope américain de la fin du XIXᵉ siècle : « Le travail d’équipe est la capacité de travailler ensemble vers une vision commune. C’est le carburant qui permet aux gens ordinaires d’atteindre des résultats hors du commun. »

L’immersion pour une meilleure expérience

Comme nous l’avons vu, le serious escape game place l’expérience sociale au centre même de son concept, et stimule l’interaction et la co-réflexion grâce à l’immersion dans un espace donné. Le terme « immersion » fait référence au fait d’être plongé dans un environnement. Cette expérience, rendue possible par la mise en contexte d’un jeu, est une activité participative qui met à l’épreuve la capacité d’adaptation, d’analyse du terrain et d’action. Ainsi, les serious escape game offrent un environnement immersif inspiré d’un espace de travail, permettant au joueur apprenant de simuler une situation, d’analyser son comportement, puis de reproduire son expérience sur le terrain.

Cependant, pour que l’immersion soit efficacement vécue, il est essentiel de réfléchir à ces différents points :

  • La narration : il faut un contexte narratif stimulant et intéressant
  • Le sens : définir en quoi l’enjeu est important et son rapport avec la narration
  • Interactivité : les joueurs apprenants doivent être actifs et leur choix guident le jeu
  • Technologies adaptées : réalité virtuelle ou augmentée, jeu physique, cartes, etc.

Une fois ces éléments déterminés, il est possible de réaliser ce type de jeu sérieux pour toutes les situations et objectifs imaginables. Il suffit d’avoir l’esprit créatif ! Un bloc opératoire ? Une chambre d’hôpital ? Une cuisine ? Un laboratoire ? Tout est possible. À titre d’exemple, la société Almédia a développé un serious escape game pour la cité de la chimie, dans le but de sensibiliser aux processus chimiques présents dans notre quotidien. Les joueurs sont plongés au cœur d’une enquête mêlant les expériences révolutionnaires d’une chimiste et un groupe de dealers qui ont volé le fruit de ses recherches. Une réelle caravane aménagée en laboratoire clandestin est mise à disposition. Les participants sont équipés d’objets connectés qui les aident à suivre l’histoire. L’application utilisée envoie des signaux pour ouvrir des placards contenant des indices, ou déclenche un signal lorsqu’un des joueurs a réussi une énigme.

Mais le serious escape game peut aussi être entièrement virtuel. La cité du train de Mulhouse par exemple, propose à ses visiteurs de résoudre une enquête à l’aide d’une vision en 360° interactive de l’intérieur d’un compartiment de train inaccessible.

Vous êtes prêts à inclure l’escape game dans vos formations ? Voici notre méthodologie

Le serious escape game fait partie de la grande famille de la gamification, qui est une méthode de conception inspirée des jeux. Elle consiste à appliquer des mécanismes de jeux à un processus, une application, une situation, dans un but d’apprentissage ou de sensibilisation. Elle est avant tout un outil qui permet de mieux comprendre sa cible et intègre des leviers d’engagement grâce à son aspect ludique.

Voici notre méthode appliquée dans la réalisation de serious escape game ou de tout autre projet de gamification :

Phase 1 / Conception :

  • Compilation et analyse du contenu pédagogique à inclure, veille et analyse.
  • Proposer des idées et un concept de jeu correspondant au contenu pédagogique et aux objectifs (game design).
  • Réalisation d’ébauches graphiques.

Phase 2 / Création :

  • Scénarisation, création des énigmes que l’apprenti va rencontrer en fonction du scénario et des objectifs pédagogiques à atteindre.
  • Design des cartes et/ou autres éléments.

Phase 3 / Production :

  • Production graphique.
  • Développement informatique et/ou construction du jeu avec des matériaux physiques (boîtes, cartes, jetons, puzzles, dé, réalité augmentée, réalité virtuelle, 360°interactive, vidéos, quiz, QR codes, etc.)

Phase 4 / Tests et déploiement :

  • Expérimenter le jeu en interne et en externe.
  • Créer de nouvelles versions optimisées.
  • Diffusion du serious escape game dans sa version finale.

C’est pour mettre en œuvre toute cette méthodologie que les équipes de développement regroupent des corps de métiers différents mais complémentaires. Ainsi, les approches sont à la fois centrées sur l’utilisateur (User eXperience design, design thinking…), sur le gameplay inspiré des jeux (game design, illustrations), sur la technologie utilisée (langage web, développement, intégration) et sur les sciences comportementales (neurosciences, pédagogie, sciences humaines et sociales, etc.).

Mais la pratique et la passion pour les jeux sont des ingrédients essentiels à la réussite d’un serious escape game capable d’initier un réel moment d’émotion, de convivialité et d’apprentissage immersif ! Ce plaisir du jeu et du partage constitue la force et la singularité de l’équipe d’Almédia.


Sources :

Arnaud, Béatrice, et Sylvie Caruso Cahn. « Outil 52 - Le team building », , La boîte à outils de l’intelligence collective. Dir. Arnaud Béatrice, Caruso Cahn Sylvie. Dunod, 2021, pp. 142-145.

Duarte, Alexandre, et Sébastien Bru. La boîte à outils de la gamification. Dunod, 2021.

Garcia, Claire, et Jean-Louis Martinez. « Cas 8. The Game », 10 Cas de Marketing. Cas réels d’entreprises, tous secteurs d’activités, corrigés détaillés, sous la direction de Garcia Claire, Martinez Jean-Louis. Dunod, 2017, pp. 209-230.

Péché, Jean-Patrick, Fabien Mieyeville, et Renaud Gaultier. « Design thinking : le design en tant que management de projet », Entreprendre & Innover, vol. 28, no. 1, 2016, pp. 83-94.

« Le socioconstructivisme : définition, principes et méthodes », Bien Enseigner, 11 septembre 2019, Dernière mise à jour: 6 novembre 2021

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